CRITÉRIUM DU DAUPHINÉ : J-1 INFOS

11 août 2020 - 15:48

A la veille d’un départ inédit au cœur du mois d’août et sur un format tout autant inhabituel avec cinq jours de course, le Critérium du Dauphiné s’élance pour la première fois de Clermont-Ferrand, avec une étape de 218,5 kilomètres en direction de Saint-Christo-en-Jarez, qui sera la seule accessible aux non-grimpeurs. Les favoris des équipes Ineos et Jumbo-Visma peuvent s’attendre à une concurrence particulièrement en appétit à l’approche du Tour de France : le Colombien Nairo Quintana, les Français Thibaut Pinot ou Romain Bardet qui prend le départ à domicile, font partie des nombreux acteurs attendus pour tenter de les déstabiliser à l’assaut des montagnes. Parmi les nombreuses nouveautés de cette édition très spéciale, les Skoda Superb qui circulent autour de la course sont maintenant équipées de moteurs hybrides pour la première fois.

BERNARD THÉVENET : « LES COUREURS ONT BESOIN DE CET ENCHAÎNEMENT »
Le parcours originel du 72e Critérium du Dauphiné s’annonçait déjà historique, avec un programme sans le moindre kilomètre à parcourir contre la montre, ce qui ne s’était produit que lors de la première édition en 1947. La tendance qui avantageait les grimpeurs a été encore plus accentuée avec la modification globale du calendrier du cyclisme international, qui a conduit à réduire la durée de l’épreuve à cinq jours, dont une seule étape présentant un profil simplement « accidenté ». En privilégiant un « concentré de concentré de montagne », Bernard Thévenet a souhaité répondre aux besoins des coureurs dans leur préparation au Tour de France : « D’habitude nous aimons bien panacher les étapes, mais cette fois-ci il n’y aura pas grand-chose pour les sprinteurs, même celle de Saint-Christo-en-Jarez ne correspond qu’à ceux qui sont le plus à l’aise dans les montées, type Sagan. Pour le reste, les coureurs ont besoin d’un enchaînement d’étapes de montagne, ce que beaucoup n’ont pas connu, en tout cas pendant quatre jours, depuis le dernier Tour de France ». Le contexte tout à fait inédit de préparation rend également le scénario de course difficilement prévisible, selon le double vainqueur du Tour : « Nous avons vu par exemple sur le Tour de l’Ain que la bagarre est lancée entre Ineos et Jumbo, mais cette fois-ci ce sera sur quatre jours consécutifs. De plus, il y aura du répondant face à eux, avec par exemple Thibaut Pinot et Romain Bardet. Tout dépendra de leur volonté de ‘faire la course’, mais l’étape de samedi semble la plus décisive. Pour autant, on a vu qu’à plusieurs reprises, le maillot de leader avait changé lors de la dernière journée (2014, 2017), et ça pourrait encore être le cas ».

NAIRO QUINTANA : « J’AI VU QUE J’ÉTAIS AU CONTACT DES MEILLEURS »
Si les équipes Ineos et Jumbo-Visma présentent sur le Dauphiné les effectifs les plus en vue, avec d’une part les trois derniers vainqueurs du Tour (Bernal, Thomas, Froome) et d’autre part trois prétendants très sérieux au prochain Maillot Jaune (Roglic, Dumoulin, Kruijswijk), la nouvelle vie de Nairo Quintana dans la formation Arkea-Samsic le place comme l’un de leurs contradicteurs désignés. Après un début de saison en fanfare (vainqueur du Tour de La Provence, du Tour des Alpes-Maritimes et de l’étape reine de Paris-Nice), le grimpeur colombien s’est aussi montré compétitif à sa reprise sur le Tour de l’Ain (3e). Il s’avance donc avec appétit vers son 3e Dauphiné, une épreuve sur laquelle il avait frappé l’un de ses premiers grands coups à Morzine en 2012 : « le Critérium du Dauphiné est l’ultime course de préparation au Tour de France avec une mise en situation en haute-montagne. Cette épreuve est celle qui nous permet aussi d’arriver quasiment à 100% de notre condition physique. Le Tour de l’Ain était une bonne course de préparation, j’ai vu sur cette épreuve que j’étais au contact des meilleurs lors des étapes difficiles. Peu à peu, je vois que je récupère de cette chute provoquée par une voiture en Colombie, et qui m’a coûté dix jours sans entraînement ».

THIERRY GOUVENOU : « UNE RÉPÉTITION  DES MESURES SANITAIRES »
L’organisation du Critérium du Dauphiné, à un peu plus de deux semaines du Tour de France, permet de mettre en place le protocole de mesures étudié en concertation avec les autorités sanitaires et dans le respect du cahier des charges de l’UCI. Dans la matinée, une réunion avec l’ensemble des responsables d’équipes a servi à clarifier tous les points concernant la vie du peloton et des suiveurs dans ces conditions exceptionnelles. Thierry Gouvenou, directeur de l’épreuve, détaille les principes du protocole et les enjeux de la semaine : « C’est une répétition sportive et aussi une répétition des mesures sanitaires. On va faire respecter une bulle course en faisant en sorte qu’il y ait le minimum d’interactions avec les médias, les invités et le public. Les parkings seront fermés, au départ et à l’arrivée, et on met en place une zone mixte avec des règles spécifiques pour les interviews. Le nombre de personnes en fond de ligne est limité. On interdit le public dans les zones de ravitaillement et on met davantage de zones de collecte pour les déchets des coureurs. C’est pareil pour le protocole : il n’y a plus de bises, plus d’échanges entre les partenaires, les élus et les coureurs, etc. Et le port du masque est obligatoire sur tout le parcours de la course, y compris pour le public là où les préfets auront pris des arrêtés en ce sens ».

ROMAIN BARDET : « QUATRE ÉTAPES DE MONTAGNE… ET ELLES SONT TERRIBLES »
Au lendemain de l’annonce de son départ pour l’équipe Sunweb à l’horizon 2021, Romain Bardet vivra demain une autre journée exceptionnelle. Le Critérium du Dauphiné, auquel il participe pour la septième année consécutive et où il s’est notamment classé 2e en 2016, s’élancera en effet de chez lui à Clermont-Ferrand, le parcours frôlant même son domicile de Royat en début d’étape. Après avoir organisé à vélo une petite visite touristique de la capitale d’Auvergne pour ses coéquipiers, le leader d’AG2R s’est confié sur ses sensations après la chute qui a perturbé son programme la semaine dernière en Occitanie : « Je ne suis pas totalement remis de mes douleurs costales mais je ne suis pas loin du top et ma condition pourra se bonifier d’ici au Tour de France ». Interrogé en visio-conférence sur la façon de déjouer les plans des formations Ineos et Jumbo-Visma, Bardet compte sur la difficulté du parcours de cette année : « Il va falloir essayer d’être malin et de passer sous les radars. C’est en tout cas le Dauphiné le plus dur que j’ai vu. Normalement, c’est surtout le dernier week-end mais là nous avons vraiment quatre étapes de montagne et elles sont terribles. Je suis le premier à m’en réjouir ».  

LA VOITURE ROUGE… EN HYBRIDE
Les observateurs les plus fins remarqueront au premier coup d’œil que quelque chose a changé sur les véhicules de direction de course qui encadrent le peloton. Le rouge rebaptisé « velvet » a pris une teinte légèrement plus foncée et métallisée, la ligne est sensiblement plus sportive en particulier à l’arrière. La nouvelle Skoda Superb iv, sortie au premier trimestre 2020, est surtout propulsée par un moteur hybride, et fera demain son apparition sur les routes du Dauphiné, comme l’explique Franck Meneghini, responsable du garage d’A.S.O. : « Nous avons pu commencer à travailler sur leur aménagement début juin, ce qui est encore une course contra la montre puisque 6 véhicules sont sur le Dauphiné, mais il y en aura au total 29 sur le Tour. L’avantage de ces nouvelles Superb, c’est que nous avons environ 50 kilomètres en fonctionnement totalement électrique, et surtout que le rechargement se fait de façon autonome, par exemple dès que le pilote freine ».   

THIBAUT PINOT : « JE VEUX M’APPROCHER DES 100% »
Déjà bien en jambes pour sa reprise sur La Route d’Occitanie (4e), Thibaut Pinot (Groupama-FDJ) souhaite profiter du Critérium du Dauphiné pour s’illustrer et parfaire sa préparation avant le Tour de France : « J’ai fait deux gros entraînements ce week-end et je sens que je progresse depuis le début de la préparation. J’espère monter encore d’un cran sur le Dauphiné. Je veux qu’on monte en pression, faire un beau résultat cette semaine et arriver serein sur le Tour. Je veux m’approcher des 100% de condition. Ceux qui sont à 80 ou 90% à l’issue du Dauphiné, je ne vois pas comment ils peuvent se rattraper d’ici au Tour. » Le grimpeur franc-comtois pourra se mesurer à « un parcours très dur et un plateau exceptionnel. Je pense qu’on a rarement vu ça sur une course d’une semaine donc ce sera une belle répétition. » Mais Pinot se présente sans son lieutenant en montagne, David Gaudu, forfait en raison de problèmes gastriques. « C’est dommage, mais le plus important est qu’il soit à 100% sur le Tour et qu’il récupère de son petit souci de santé », a relativisé le leader de l’équipe Groupama-FDJ.

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