J-1 : CRITÉRIUM DU DAUPHINÉ INFOS

7 juin 2025 - 17:39

. La 77e édition du Critérium du Dauphiné convoque 154 coureurs au départ d’une première étape tracée dans l’Allier entre Domérat et Montluçon. La course réunit pour la première fois depuis l’été dernier les trois coureurs du podium final du Tour de France 2024 : Tadej Pogacar, Jonas Vingegaard et Remco Evenepoel seront les grands favoris de la semaine.
. Après avoir soigné en express une main blessée il y a deux semaines, Mathieu Van der Poel épinglera pour la première fois un dossard sur le Dauphiné. Le collectionneur de classiques aura peut-être l’opportunité de s’habiller en leader au terme de la première journée, s’il parvient à déjouer dans le final les plans des sprinteurs, à commencer par Jonathan Milan qui fait lui aussi ses débuts sur l’épreuve. 
. Pour le titre qui sera décerné en fin de semaine à Val Cenis, les yeux sont aussi tournés vers des outsiders comme Florian Lipowitz, Carlos Rodriguez, Santiago Buitrago ou Enric Mas.
. Dans le clan français, Romain Bardet tentera de gagner une étape pour la dernière course sur route de sa carrière. Également candidats aux bouquets, Lenny Martinez comme Guillaume Martin-Guyonnet n’excluent pas de se faire une place parmi l’élite, bien que l’équation soit délicate à résoudre avec ce niveau de concurrence. 

GILLES MAIGNAN : « ON PEUT METTRE LE BAZAR DANS LE CIRCUIT FINAL »
Le premier maillot de leader du Critérium du Dauphiné est toujours un enjeu pour les sprinteurs qui se présentent. Une option leur sera ouverte cette année avec le parcours tracé entre Domérat et Montluçon, sur une distance de 195,8 kilomètres. Toutefois, le directeur de course Gilles Maignan a concocté un circuit final qui placera cinq ascensions dans les 60 derniers kilomètres. La côte de Buffon ne mesure que 600 mètres, mais à une pente sévère de 8,6 %, et pourrait servir de tremplin à 6,7 km de la ligne : « Etant donné que Johnatan Milan est le principal candidat en cas de sprint massif, il faudra voir si son équipe Lidl-Trek sera en mesure de contrôler la situation. Car si certaines équipes se montrent volontaires, on peut mettre le bazar dans le circuit final. On peut par exemple penser que Mathieu Van der Poel a le profil pour gicler dans cette côte. D’autant plus qu’après la descente, les routes qui mènent jusqu’à l’arrivée sont sinueuses et conviennent à un bon pilote comme lui ».  
 
TADEJ POGACAR : « ON VA S’AMUSER SI J’AI DE BONNES JAMBES »
Le Critérium du Dauphiné reste l’une des rares courses que Tadej Pogacar n’a pas encore remportée. La star slovène n’y a participé qu’une seule fois, en 2020 (4e), quelques semaines avant sa première victoire sur le Tour de France. À l’époque, il comptait environ 17 victoires professionnelles… Il en totalise aujourd’hui 95, dont neuf acquises avec le maillot arc-en-ciel sur les épaules. Six semaines après sa victoire à Liège, le champion du monde tente de rester à l’écart de la pression du résultat : « Je dois me rappeler que je sors d’un gros bloc d’entraînement et me débarrasser de cette mentalité qui me pousse à vouloir gagner absolument, a-t-il expliqué. Je dois lâcher prise, voir comment tournent les jambes, et essayer d’être le meilleur possible. » Pogacar se réjouit tout de même à l’idée de « belles batailles dans les ascensions et sur le contre-la-montre », notamment face à des rivaux bien identifiés : « Jonas Vingegaard a l’air en forme d’après ce que j’ai vu. J’ai hâte de courir contre lui, mais aussi contre Remco Evenepoel, par exemple. Ça va être fun à regarder, et on va aussi s’amuser à courir si j’ai de bonnes jambes. Mes données à l’entraînement sont bonnes en février, en avril… toute l’année en fait. Et j’en suis très satisfait en ce moment. »

VINGEGAARD, AVEC JORGENSON ET KUSS
Le principal adversaire désigné à Tadej Pogacar dans le match au sommet de ce Critérium du Dauphiné est Jonas Vingegaard, qui fait son retour à la compétition après une blessure à la main qui l’avait privé de la fin de semaine de Paris-Nice. Dans la formation Visma-Lease a Bike, le directeur sportif Grischa Niermann se montre enthousiaste sur la forme du coureur danois, qui s’était imposé en 2023 : « Jonas est bien sûr notre leader. La concurrence est forte avec Tadej Pogacar et aussi Remco Evenepoel mais nous nous concentrons toujours sur nous-mêmes, déclare-t-il. C’est une excellente occasion de voir où nous en sommes. Nos coureurs reviennent pour la plupart d’un long stage en altitude et sont impatients de reprendre la compétition. Le contre-la-montre du quatrième jour est un bon test de force, et les dernières étapes de montagne sont vraiment exigeantes. C’est à ce moment-là que nous verrons où nous en sommes. » Dans son exposé de la situation, Niermann n’oublie pas les autres pièces maîtresses de son groupe, Matteo Jorgenson ayant d’ailleurs terminé 2e du Dauphiné l’année dernière, tandis qu’une montée en régime est attendue de la part de Sepp Kuss. « Cela a bien fonctionné pour nous ces dernières années, parce que le Dauphiné est une course de très haut niveau, qui ne ment jamais. Ce sont des choses qui nous donnent confiance à l’approche de cette semaine. Le Dauphiné est idéal parce qu’il se combine bien avec un dernier bloc d’entraînement avant le Tour. Mais si nous ne gagnons pas le Dauphiné, ce n’est pas la fin du monde ».

REMCO EVENEPOEL : « JE PEUX ME RAPPROCHER DE POGACAR ET VINGEGAARD »
Lors de son unique participation au Critérium du Dauphiné l’année dernière, Remco Evenepoel n’avait pris que le 7e place du classement général, mais avec la satisfaction d’avoir remporté le contre-la-montre de milieu de semaine. Le leader de Soudal-Quick Step a connu un début de saison perturbé par des blessures ayant exigé une longue période de remise en forme. Mais les dernières semaines de travail lui ont redonné confiance, en vue du Tour comme du Dauphiné. « Je n’étais pas dans ma meilleure forme pour les classiques puis le Tour de Romandie, mais je suis bien plus confiant qu’il y a deux mois, explique le champion olympique. Je n’ai pas paniqué, et après le stage en altitude en Sierra Nevada, je peux dire que je me sens mieux que l’année dernière. Je pense que je peux me rapprocher du niveau de Pogacar et Vingegaard, à la fois en ce qui concerne les ascensions en haute montagne et donc au classement général. » 

MATHIEU VAN DER POEL, PREMIÈRE
Le triple vainqueur de Paris-Roubaix et du Tour des Flandres se présente pour la première fois au départ du Dauphiné, après avoir douté de sa participation suite à une chute sur les pistes de VTT de Nove Mesto en République tchèque. « En réalité, cela faisait longtemps que c’était prévu, mais les choses ont un peu changé avec sa chute, explique Christoph Roodhooft, manager général de l’équipe Alpecin-Deceuninck. Dès que nous avons su qu’il serait en forme, il a décidé de venir. Bien sûr, sa condition n’est pas optimale. Il a eu un problème au poignet, mais il a quand même pu s’entraîner, juste pas à 100 %. Le Critérium du Dauphiné est important en vue du Tour. Il voulait venir ici parce que certaines étapes ressemblent beaucoup à ses grands objectifs de juillet. Par exemple, demain pourrait être une très bonne opportunité. » Reste à voir comment ses jambes réagiront, mais Van der Poel a l’habitude de marquer les esprits dès son retour à la compétition. « Chaque fois qu’il court, il essaie de gagner, affirme Roodhooft, mais on verra, car cette course sert aussi à construire sa forme pour un objectif majeur, le Tour de France. »

GUILLAUME MARTIN-GUYONNET : « IL FAUDRA PASSER PAR UN TROU DE SOURIS »
Parmi les outsiders du Critérium du Dauphiné, Guillaume Martin-Guyonnet fait partie des fidèles de l’épreuve et présente sur son CV une 3e place finale en 2020, à l’époque juste devant Tadej Pogacar dans une édition qui avait été amputée de son contre-la-montre. « C’est vraiment une de mes courses préférées, où j’ai de bons souvenirs puisque dès ma première participation en 2016 j’avais pris la 11e place d’une belle étape, ce qui était très satisfaisant en tant que néopro », détaille le Normand. Face à la concurrence des trois grands favoris, le leader de Groupama-FDJ ne se dérobe pas, mais a bien conscience qu’il sera difficile d’intégrer à nouveau le Top 5 : « En 10 ans il n’y a jamais eu un tel niveau sur le Dauphiné. Il est certain que cela complique les choses et que pour arriver à se mêler à la bagarre juste derrière ce trio, il faudra passer par un trou de souris. Le chrono ne sera pas ma meilleure journée, mais je me rappelle qu’en 2023 il était plus long et j’avais tout de même terminé la course à la 6e place du classement final ». 

CARLOS RODRIGUEZ : « FACE AUX MEILLEURS COUREURS DU MONDE »
Dernier vainqueur d’étape sur les routes du Critérium du Dauphiné l’an passé au Plateau des Glières, Carlos Rodriguez veut de nouveau se montrer à son avantage après un début de saison en dents de scie. « C’est une saison un peu étrange, reconnaît le leader d’Ineos Grenadiers. Je l’ai commencée avec ambition, mais j’ai subi quelques blessures et je me suis fracturé la clavicule lors de l’UAE Tour. À Liège (33e) et en Romandie (6e), j’étais presque revenu à mon niveau. Après un peu plus d'entraînement, j’espère franchir un cap. Non seulement être présent devant, mais aussi me battre pour les victoires. » Le coureur espagnol de 24 ans sait que le Critérium du Dauphiné ne sera pas une mince affaire : « Ce sera difficile, car je suis face aux meilleurs coureurs du monde, mais on espère au moins pouvoir se rapprocher d’eux. »